La petite fille au manteau rouge
Vous souvenez-vous de cette petite fille au manteau rouge que l'on voit dans La liste de Schindler? Cette petite fille devenue grande a eu un choc en visionnant ce film...c'était elle, et tous les souvenirs qu'elle avait refoulés sont remontés à la surface. Et là voilà lancée dans l'écriture de l'histoire de sa vie La petite fille au manteau rouge.
Par ce livre, cette petite fille juive descendante d'une famille aisée (avant la guerre évidemment, puisque les juifs n'avait plus le droit à rien pendant la shoah) raconte le ghetto, la folie humaine, la peur, l'éternelle nécessité de se cacher pour survivre, la mort qui la touche de près, et sa vie complétement détruite.
Je m'attendais, à vrai dire, à comprendre ce que cette petite fille faisait seule dans la rue, dans le film de Spielberg, mais elle ne nous apporte pas de réponse...Peut-être a-t-elle refoulé ce souvenir beaucoup plus profondément? Je m'attendais également à son histoire pendant la guerre uniquement, mais ce livre va bien au-delà. Elle va nous raconter le ghetto, la guerre et cette jeunesse passée à se cacher, mais elle va nous parler des années d'après-guerre jusqu'à ce qu'elle visionne ce film qui lui fera comprendre pourquoi elle est ce qu'elle est, pourquoi ses dépressions, pourquoi ce sentiment d'être toujours exclue?
Un livre émouvant sur les impacts de cette guerre sur tout une vie...
Le récit commence lorsqu'elle a 3ans, entassée dans une maison au milieu de dizaines de juifs polonais. La mort est leur quotidien, et la petite comprend sans comprendre, elle sait qu'elle doit avoir peur. Sa mère, Tosia, veut la protéger de cette atmosphére, mais n'y arrive pas, et c'est avec elle qu'elle passera les prochaines années quand toute la famille aura disparu...
A 5ans, son père réussit à trouver une nouvelle identité: Roma Liebling devient alors Roma Ligocka, et la noirceur de ses cheveux deviendra un blond loin du stéréotype juif. Des années durant, sa mère et elle seront hébergées par les Kiernik, une famille polonaise, mais les allers-retours entre les différentes cachettes ne peuvent cesser. La gestapo rôde toujours...
La guerre arrive à son terme et à la peur permanente se succèdent les pleurs, les recherches, les désespoirs et ce besoin inexorable de parler de ce que les survivants ont vécu...sous l'oreille attentive de la petite fille qui voudrait ne pas entendre! Et un beau jour, les plaintes cessent, on oublie.
Roma vécut tantôt dans la détresse tantôt dans le bonheur du communisme, du monde des artistes. Mais elle est instable, se droguera aux médicaments pour supporter cette vie qu'elle n'assume pas.
Un livre émouvant qui donne à voir la vie d'après-guerre, la façon dont les victimes peuvent se reconstruire après l'horreur.